Directeur au bord de la crise de nerfs
Voici le courrier d'un directeur de Paris. (tiré du forum enseignants du primaire)
Objet : RE : DECRET publié au JO !!! - Lettre d'un directeur au bord de la crise de nerf : "APPEL A LA DESOBEISSANCE GENERALE !
APPEL
A LA DESOBEISSANCE ET A LA REBELLION !
Chers collègues directeurs,
Chers collègues devant classes,
Chers syndicats enseignants,
Chers parents d'élèves
Moi, directeur d'Ecole Elémentaire Publique, (et non futur Président de la République)
• Face au mépris scandaleux et malhonnête du Gouvernement et de la Mairie de Paris,
* Face à cette publication inadmissible du décret au Journal officiel jeudi dernier (en douce) qui est censée nous mettre devant le fait accompli (décret du 24/01/2013 publié ce jour samedi 26/01/2013 en pièce jointe)
* au surlendemain d'une grève parisienne suivie à près de 90%
* au lendemain d'une manifestation régionale fort suivie,
* le jour même d'une réunion publique au Gymnase Laumière (à Paris 19ème) où la tribune municipale et rectorale (Maires adjoints de la Ville, recteur et DASEN) ont pu constater pendant 2 heures le rejet absolu et unanime de cette réforme inacceptable tant pour les enfants que pour les personnels, (800 enseignants, animateurs et parents d'élèves en colère demandant le retrait)
* et ce 4 jours avant l'annonce "tant espérée" par chacun d'entre nous d'une « grève nationale appelée par tous nos syndicats » qui doivent se réunir ce lundi 28/02/2013,
* Face à la campagne de désinformation (ou de non information) orchestrée par de très nombreux médias (pour exemple : l'expression de la haine, la calomnie et la jalousie envers les enseignants, contenue dans l'éditorial du journal "Le Monde" du 22/01/2013)
Moi, directeur d'Ecole Elémentaire Publique, (et toujours pas futur Président de la République)
* J'invite tous les directeurs d'école à démarrer sans attendre une grève administrative totale tant en direction du Rectorat que de la Mairie de Paris,
* J'invite nos collègues devant classe à démarrer une grève pédagogique totale puisque les écoles ne seront plus, avant tout, un lieu d'enseignement où l'on forme des élèves mais un lieu de vie de l'enfant (et de bien mauvaise vie pour la plupart dans les temps et conditions proposés); continuons d'accueillir les élèves (pardon les enfants) chaque jour mais ne les instruisons plus... par exemple : foot, kapla, vidéo, etc., comme le pratiquent beaucoup de surveillants périscolaires actuels...) mais là toute la journée, afin qu'ils s'habituent à la nouvelle fonction et au nouveau visage des salles de classe...)
* J'invite également tous les syndicats nationaux et départementaux à appeler à la grève nationale et unitaire (reconductible si nécessaire)
* J’invite les parents d’élèves à organiser des Assemblées Générales de parents et à s’informer de la réalité des faits et non de se contenter d’écouter le mensonge organisé et de réagir en conséquence
Moi, directeur d'Ecole Elémentaire Publique,
* Un directeur d’école qui n’a rien contre une réforme intelligente et ambitieuse, certainement nécessaire, mais concertée et réfléchie, qui respecte réellement l’intérêt des enfants, des parents et des enseignants…
* Un directeur qui s’attendait à bien des choses mais pas à cette ineptie générale de la part du gouvernement et encore moins de la municipalité parisienne qui propose (bien loin de raccourcir le temps de pause méridienne (cantine) qui est déjà de 2h00 mais décide unilatéralement au contraire de la rallonger, la faisant ainsi passer à 2h45 de 11h30 à 14h15… alors qu’il s’agit actuellement déjà du moment le plus « accidentogène » et fatigant de la journée d’un élève/enfant…)
* En choisissant cette option, pour des raison tristement et uniquement budgétaires, la Mairie prend de fait également tous les enseignants en otages, les obligeant à demeurer sur leur lieu de travail 45mn de plus par jour et sans même qu’ils puissent accéder à leur classe pour la préparer puisque des surveillants de cantine les occuperont avec des groupes d’enfants durant ce temps avec un taux d’encadrement qui passera même dans certains cas de 1 pour 12 à 1 pour 18 afin que cela coûte le moins cher possible à la Ville (et tant pis pour la qualité !)
Moi, directeur d'Ecole Elémentaire Publique,
* Je refuse absolument de devenir encore plus que maintenant, le futur "responsable fonctionnel" d'un système que je réprouve et qui « dysfonctionnera » (accroissant au passage encore plus que jamais les inégalités sociales),
* Je refuse d’être placé de force dans l’obligation de devoir coécrire un Projet Educatif Territorial qui placera chaque enseignant sous la double tutelle de l’état et des collectivités locales (alors que nous souhaitons tous demeurer fonctionnaire d’état),
Aussi :
Moi, directeur d'Ecole Elémentaire Publique,
* Je m'adresse à toutes les associations locales de directeurs pour qu'elles se réunissent et appellent de même à l'une ou l'autre ou à ces deux propositions,
* Je m'adresse à tous les collègues directeurs et collègues devant classe pour qu'ils réunissent rapidement des conseils des maîtres afin d'envisager la mise en place de tout mouvement (parmi ceux proposés ou autres afin d'enrayer ou de paralyser "leur" système),
* Je m'adresse à tous les syndicats d'enseignants départementaux et nationaux pour qu'ils relaient ces deux idées et couvrent le plus rapidement possible ce mouvement de protestation nécessaire d'un appel officiel clair et net, ainsi bien évidemment qu’à la grève nationale,
* Je m'adresse tous les parents d'élèves pour qu'ils expriment à nos pouvoirs publics et municipaux, leur volonté de retrait de ce décret aberrent qui ne peut que nuire tant à la fatigabilité de leurs enfants que de leur incompréhension des lieux et temps de loisir et de travail.
Signé :
Un "simple" directeur d'Ecole Elémentaire Publique parisienne, non supérieur hiérarchique de ses collègues devant élèves
* En colère noire comme jamais,
* Instituteur pendant 30 ans (dont 20 ans devant élèves en ZEP profonde), PE depuis 1 an, dont l'état lui avait promis à l'embauche une retraite à 55 ans...
* Qui bosse la plupart du temps de 8h00 à 19h00 voire 20h00 durant 4 jours, déjà une partie du mercredi dans son bureau ainsi qu'une partie du samedi et parfois même certains dimanches... et pourtant non logé, dans son école de 14 classes en ZEP du groupe 5, classé en ECLAIR avec classes de CLIN et de CHAM, qui inscrit ou radie en moyenne 1 enfant tous les 2 jours, dans un quartier ou le turn-over social est catastrophique,
* Par ailleurs, bénévolement et par choix personnel, "non par imposition gouvernementale et municipale", membre du bureau de 3 associations périscolaires à but non lucratif,
* Un simple directeur d’école, totalement épuisé, incapable de travailler sereinement dans ces conditions inadmissibles, qui bouleverse ses convictions sincèrement au bord de la crise de nerfs et de larmes !!!
Je compte sur chacun d'entre vous pour relayer et diffuser le plus largement possible mon appel à la désobéissance et à la rébellion...
Bien cordialement à tous !
Bernard P.
*~*~*~*~*
P.S. : (qui veut dire, je le rappelle à toutes fins utiles « Post Scriptum » et non « Parti Socialiste »)
Enfin,
si malgré mes espoirs et mes efforts les plus forts, la réforme devait réellement être appliquée à la rentrée, je prévois également de démissionner des charges que j'assume actuellement pour le compte de la Mairie, quitte à perdre les indemnités supplémentaires que je perçois durant 9 mois et demie pour ce travail colossal que j'accomplis pour le compte de la ville durant 10 mois, indemnités appréciables dont j'ai pourtant bien besoin comme chacun d'entre nous...
A 50 ans le mois prochain, il en va de ma santé mentale et physique avant tout confort financier...
face à une République et à une Municipalité qui, à grand couvert de mensonges éhontés et de manœuvres indignes conduisent délibérément l’éducation nationale à son démantèlement progressif au profit des territoires… et plus malheureusement encore : tous nos enfants à leur perte... Quelle honte ! Quel gâchis !
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